Le contrôle moteur

avec Mélanie Paradis, physiothérapeute à la Clinique de physiothérapie et de médecine du sport

Dans notre pratique sportive, nous sommes tellement habitué(e)s à répéter chaque action qu’on ne s’en rend même plus compte. Cependant, derrière cet automatisme se cache un processus appelé le contrôle moteur. Aujourd’hui, Mélanie Paradis, physiothérapeute de la Clinique de physiothérapie et de médecine du sport, plonge avec nous dans ce sujet bien intéressant.

Le contrôle moteur, c’est complexe !

Le contrôle moteur, c’est la coordination de la contraction musculaire par des messages envoyés de notre cortex moteur. Pour simplifier les choses, c’est notre cerveau qui commande et exécute un mouvement. Lorsqu’on frappe dans un ballon ou qu’on attrape un frisbee, ces actions se font tellement naturellement qu’on n’y pense pas. Cependant, dans notre corps, c’est beaucoup plus complexe que ça !

En effet, le processus du contrôle moteur se sépare en trois phases :

  1. Planification : Notre cerveau planifie un nouveau mouvement de façon consciente. On réfléchit et décortique un mouvement pour le reproduire, un peu lorsqu’on observe un joueur de tennis faire un service et qu’on souhaite le répéter. Une fois que nous avons répété plusieurs fois notre geste, cette planification devient inconsciente.
  2. Programmation :  Le cerveau programme le mouvement, de façon inconsciente cette fois-ci. Il envoie le message aux terminaisons nerveuses de contracter le muscle, ce qui se résulte par l’exécution.
  3. L’exécution : Cette phase se fait en continu. Au fur et à mesure qu’on exécute notre mouvement, on ajuste notre force, tonus musculaire et coordination pour avoir une exécution optimale. Par contre, pour faire ces ajustements en temps réel, notre corps a besoin de la proprioception.

C’est quoi la proprioception ?

C’est l’information sensorielle qu’on reçoit de nos muscles, capsules articulaires, ligaments et tendons. Pour rendre cela plus concret, replonge-toi à ton anniversaire de tes 7 ans. Tu as les yeux bandés et tu essaies de frapper une piñata pour y collecter des bonbons. Sans l’usage de tes yeux, c’est grâce à la proprioception que tu peux comprendre où est situé ton bras dans l’espace, car ton corps a envoyé toutes les informations sensorielles nécessaires.

La répétition : la clé du contrôle moteur

As-tu déjà vu Tiger Woods frapper la balle directement sur le vert ? Cela a l’air tellement facile, mais lorsqu’on essaie soi-même pour la première fois, on ne touche même pas la balle ! Les athlètes de haut niveau répètent tellement souvent le même mouvement avec la bonne gestuelle, que celle-ci devient un automatisme. 

Les blessures : un coup dur pour la proprioception

À la suite d’une blessure, il est fréquent d’avoir une déchirure d’un muscle ou d’un tendon. Résultat ? Il est fort possible que cela entraine la rupture de fibres neuronales, ce qui va grandement affecter la proprioception. L’information de notre corps vers notre cerveau ne sera donc plus la même, car en ayant une réponse proprioceptive différente, le contrôle moteur sera altéré. Notre corps aura alors plus de difficultés à se protéger lorsqu’il sera dans une situation vulnérable.

La réhabilitation : à ne pas prendre à la légère

Il y a beaucoup de variables à prendre en considération lors d’une réhabilitation : la force, la stabilité, l’amplitude articulaire et la proprioception.

Il ne faut jamais prendre à la légère une réhabilitation. On croit trop souvent, à tort, que lorsque la douleur est disparue on est guéri(e). Une fois que la force et la mobilité sont revenues, est-on prêt(e) ? Il ne faut pas oublier le contrôle moteur ! Par exemple, on retourne sur le terrain de soccer après une entorse à la cheville. Tout se passe bien, jusqu’au moment où l’on marche dans un trou mal placé. Le cerveau doit analyser l’information proprioceptive envoyée par la cheville et ensuite programmer le muscle à se contracter. Si notre contrôle moteur n’a pas été réentraîné, ce transfert d’informations sera beaucoup plus lent et c’est à ce moment-là qu’il y a des risques de blessures à nouveau.

La consultation : pour un retour optimal

Alors pour se préparer adéquatement, on fait quoi? Chaque blessure est différente. Si on veut maximiser nos chances de récupérer à 100% et de ne pas aggraver une blessure, l’idéal est de consulter un(e) physiothérapeute. Des professionnel(le)s pourront t’aider à regagner ton contrôle moteur et préparer ton corps à réagir à toutes sortes de situations.

Tu souhaites avoir une consultation ? Ça tombe bien, il y a une merveilleuse équipe multidisciplinaire à la clinique qui va pouvoir t’aider. En plus, c’est directement sur le campus. N’hésite pas à prendre rendez-vous !

Mélanie Paradis

Mélanie a un intérêt particulier en physiothérapie sportive et travaille à la Clinique de physiothérapie et de médecine du sport de l’Université de Montréal depuis 2005. Elle a travaillé en clinique avec des athlètes Carabins de toutes les disciplines sportives et a suivi les équipes de volleyball masculin, de soccer féminin et de cheerleading sur le terrain lors de la pratique de leur sport.